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APRIL MARCH &

AQUASERGE

April March & Aquaserge

(Freaksville Records/La Baleine)

S’il y a au moins un cliché irréfutable à propos de l’Américaine Elinor Blake, c’est qu’elle a adopté April March comme nom de scène car elle est vraiment née au printemps. Et puisque c’est aussi la saison choisie cette année pour publier sa nouvelle floraison de chansons bilingues et charmeuses, enregistrées avec les Toulousains d’Aquaserge et mixé par John McEntire, on se dit que toutes les conditions sont réunies pour que ce nouvel album provoque un sentiment de plénitude et d’osmose, identique au souvenir si marquant de son chabadabadesque Triggers (2003). Ce très bon disque-là avait été enregistré avec A.S Dragon, et April March n’est jamais meilleure que lorsqu’elle s’appuie sur un vrai groupe, à la différence de l’étrange et bancal Magic Monsters (2008), son précédent LP, cosigné avec le slacker Steve Hanft. Avec Aquaserge au contraire, pas de demi mesure, aucun goût d’inachevé, mais la volonté de présenter la musique que notre amie américaine et francophile préférée joue depuis ses débuts de la manière la plus directe, généreuse et séduisante possible : cette musique hors des modes, qualifiée hâtivement de rétro sixties chez d’autres groupes, dont le son et la vision de la pop sont en général beaucoup plus étriqués qu’ici. Si on n’y trouve pas de tube de la dimension de Chick Habit (mais celui-ci l’est devenu sur le tard !), ces nouvelles compositions, même celles qui paraissent familières, sont toutes excellentes, rehaussées par une fulgurance, un trait d’humour et une vraie dynamique. La voix de notre quadragénaire classe est un peu plus posée qu’à ses débuts, mais ça ne l’empêche jamais de continuer, lorsqu’elle chante en français, à l’utiliser comme on jouerait d’un autre instrument, à imaginer des paroles tout à fait contemporaines, traversées de jolies fadaises, et à nous donner l’impression qu’elle plane, sentiment appréciable et partagé. Parfaitement synchronisées (Des Tics Et Des Tocs), shoegaze (Love In A Maze) ou sentimentales (Sparklers), ces nouvelles chansons permettent de retrouver notre fille du printemps telle qu’en elle-même : avec du cœur, de l’humour et de l’élan. Du chic, en somme. Julien Welter •••••°